Actualité :
Prix de la ville du salon de Marolles-en-Hurepoix nov 2023
"Xavier RENARD, l’autre goupil de la chanson"
par Michel KEMPER, journaliste de la revue "Nos enchanteurs"
"On dit quand elles résonnent / Qu’elles relient les hommes / Nos voix racontent des histoires / Sur nos vies dérisoires / Toute une existence / Au-delà… »
Ce disque remonte certes à l’an passé, mais le chant de Xavier Renard est d’une intemporalité qui peut sans mal bousculer les mois, les années même : l’obsolescence n’est ici pas programmée comme elle l’est pour la variété. Et, pour ceux qui découvriraient ce chanteur à la lecture de cette chronique, il sera forcément nouveau. Nouveau et intéressant, car d’une appréciable poésie. Comme toujours, Xavier Renard fait chroniques du quotidien autant que de rêveries, allant même chercher son inspiration au Bureau des objets trouvés pour un nouvel inventaire à la Prévert ou à qui vous voulez. Et son Élixir chez un bon fournisseur, charlatan comme il se doit.
Neuvième Cd (son premier, Quelques mots de Saint-Malo, remonte à 1994) pour cet artiste qui se partage entre la chanson et la peinture (mi photographique mi picturale, la pochette de ce Carrousel est de lui) : « la matière et la couleur ont toujours été au cœur de mes préoccupations ».
« Nos vies sont-elles comme ces chevaux de bois / Tournant fière allure comme tournent les nacelles / Nos vies sont-elles comme enfant autrefois / J’aurais voulu qu’elles durent au ciel ? »
On pourra toujours dire que de telles chansons sont d’une autre facture que ce qu’on nous refourgue aujourd’hui. Ici, mélodies et paroles s’unissent en de belles constructions. Il y a en elles un p’tit air d’Yves Simon ou de Romain Didier, de Souchon même : c’est pareillement classieux et doux, un rien mélancolique, de ces chansons qui entrent en vous sans effort et s’y installent dans la durée… Qui plus est portées par une voix qui ne trahit pas son âge, loin s’en faut : Renard a la voix d’un éternel jeune homme, c’est pas de ce goupil-là dont on fait un Renaud.
Deux titres sont ici repris au passé de Renard en de nouveaux enregistrements, dont le Rosa de 2008, chanson dédiée à Rosa Parks (l’album d’origine avait pour titre son numéro d’écrou) qui, dans les années cinquante, en Alabama, refusa de céder sa place dans un bus comme les lois racistes l’y obligeaient.
Saluons le bel (et excellent) équipage de ce disque où, aux côtés de Xavier Renard (guitares acoustiques, banjo, harmonica et flûte), figurent Christophe Lechaux (basse), Frédéric Mayer (guitares électriques et guitare synthé) et Patrice Thouvenot (batterie et percussions) : même privée de paroles, une telle musique raconterait déjà ses histoires...